Traçons vers le sud

Disons-le d’entrée, nous ne sommes ni des spécialistes, ni des inconditionnels de voitures, et c’est par curiosité avant tout que nous nous sommes rendus, cet après-midi, à la 86e édition du « Salon de Genève », qui porte aujourd’hui, internationalisation oblige, le nom de Geneva International Motor Show.

A propos de ce salon, nous avons pu lire, chemin faisant, qu’il « tient lieu d’intermède entre le Mondial de l’Auto à Paris, les années paires, et le « Salon de Francfort », les années impaires. Face à ces deux énormes machines, l’événement suisse est un salon à taille humaine : une visite à peu près exhaustive du Palexpo en une journée n’est pas impossible. Dans ces allées, l’atmosphère est aussi plus légère et plus passionnée. Quand Paris et Francfort sont le royaume du cœur de gamme et des modèles à gros volumes, c’est souvent ici, à deux pas du lac Léman, que les constructeurs lâchent leurs plus redoutables sportives et leurs plus époustouflantes supercars » (Autonews.fr, mardi 1ermars 2016).

Isoler de la route
Tout un programme, n’est-ce pas ? Notre but avoué était d’aller à la découverte du lien, a priori évident, qui unit le monde de l’automobile à la culture de la route. Sur ce point, nous avons été un peu déçus. Ces mots de Matthew B. Crawford, dont le second ouvrage, Contact : pourquoi nous avons perdu le monde, et comment le retrouver, sort ces jours en librairie (La Découverte, Paris, 2016), résument parfaitement le pourquoi de cette déception : “Les constructeurs semblent vouloir nous isoler de la route. Si bien que lorsque vous êtes au volant, vous avez l’impression que le décor est un écran qui défile. Quand la conduite devient une expérience si lointaine, si abstraite, la route devient une simple information en compétition avec votre portable ou vos e-mails.” En fait d’écran, il est de bon ton au salon d’en posséder un gigantesque sur son stand (à qui le plus grand ?), et l’étendue des images de route est bien pratique pour les animer.

La route comme simple élément de décor, comme faire-valoir, comme objet de condescendance, repoussée par l’obsession technique, et/ou l’obsession identitaire. Il y a une rupture entre la route et l’automobiliste. Eh bien cette rupture, il nous semble qu’un modèle présenté cette année serait sujet (nous parlons au conditionnel, nous ne l’avons pas essayé) à l’effacer, ou du moins à l’estomper : le nouveau SUV Cabrio de Volkswagen, le T-Cross Breeze.

Coup de coeur
Comment expliquer ce coup de cœur pour le moins inopiné ? Faisons court, comme nous ne maîtrisons pas le jargon du domaine : une voiture qui a de la gueule, bien posée, avec un style sobre, plutôt carrée, très compacte, qui donne l’impression de bien tenir la route ; une voiture qui doit être puissante puisqu’on nous dit qu’elle a un turbo sous le capot ; une voiture qui nous rapproche de la route puisqu’elle est décapotable, et que sa position assise est surélevée. Bref, une voiture qui semble toute trouvée pour partir en voyage, qui fait rêver de roadtrips – franchissons les cols alpins, traçons vers le sud, rejoignons les routes du bord de mer…

Seuls bémols, le Breeze est présenté avec un code couleurs qui lui donne une touche très féminine (nous avons dit « bémol », pas « problème », partant de l’idée qu’un véhicule doit plaire autant à Madame qu’à Monsieur… et réciproquement) et, surtout, il s’agit encore à ce stade d’un « concept-car », bref d’un premier jet dont la commercialisation n’est pas assurée, et peut en tous les cas prendre un peu de temps.

Affaire à suivre, donc !


(Texte : L. Pittet / Crédit photo : Volkswagen)