Noces de platine pour la Cox et la Suisse

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C’est à un événement hors du commun qu’ont été conviés, le 5 mai, 25 propriétaires de quelques-unes des plus anciennes VW Coccinelle de Suisse. A l’initiative d’Amag, société importatrice de la marque Volkswagen, ils ont été invités à rejouer l’une des scènes les plus marquantes de l’histoire helvétique de la Cox: l’arrivée, au début du mois de mai 1948, des premières Coccinelle à la douane de Riehen, près de Bâle.

Ces toutes premières Coccinelle à avoir foulé le sol helvétique avaient été convoyées par la route par 50 employés de Volkswagen, deux par voiture, qui s’étaient relayés à leur volant depuis l’usine de Wolfsburg, distante de 689 km du poste-frontière de Riehen, entre Bâle et Lörrach. Ce convoyage, exceptionnel pour l’époque, avait nécessité une halte à Francfort, à mi-chemin entre Wolfsburg et Bâle, et avait donné lieu à une photo historique: celle des 25 Coccinelle alignées en file indienne juste après avoir franchi la frontière suisse.

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Là, les concessionnaires, provenant des quatre coins de la Suisse, attendaient leur Coccinelle avec leurs plaques d’immatriculation et quelques liasses de billets de banque. Si les quelque 700 km de route avaient été une véritable aventure, il y a exactement 70 ans, il en allait de même pour la livraison des voitures aux premiers clients: «Il a tout d’abord fallu dédouaner les Coccinelle, régler leur paiement en espèces, les ramener à la maison et enfin les livrer aux premiers clients, dans toute la Suisse, toujours par la route. Cela à une époque où il n’y avait pas encore d’autoroutes et que le franchissement de la chaîne du Jura, par exemple entre Bâle et Aarau, constituait déjà une expédition», nous a expliqué Hans André Bichsel, auteur de plusieurs livres sur l’automobile en Suisse et organisateur de plusieurs rallyes de régularité réservés aux voitures anciennes.

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En ce 5 mai 2018, Hans André Bichsel avait reçu le mandat de l’importateur Amag d’organiser l’itinéraire reliant la ville allemande de Lörrach, juste à côté de Bâle, au Musée des Transports de Lucerne qui allait être le théâtre ce jour-là de l’arrivée de la première étape du «Raid Young Raiders Challenge», un rallye de régularité ouvert à des voitures anciennes conduites par des participants de moins de 36 ans.

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Après la photo souvenir à la douane de Riehen, en présence de deux douaniers qui avaient revêtu des uniformes de 1948, un des hauts points de cet itinéraire entre Lörrach et Lucerne a été le tronçon entre Gelterkinden (BL) et Erlinsbach (AG) ponctué par l’ascension du col de Salhöhe: «Là, les routes et les villages sont magnifiques et n’ont pratiquement pas changé depuis 1948», relève Hans André Bichsel. Et il a parfaitement raison. Il s’agit de ces itinéraires que nous affectionnons à Roaditude et qui constituent un «road trip» dans le temps qui n’est pas sans rappeler ceux que nous vous proposons dans l’édition «Eté 2018» de notre magazine Roaditude que vous trouvez actuellement chez votre marchand de journaux.

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Les routes, les virages en épingle et les villages endormis qui précèdent et qui suivent le col de Salhöhe sont tout autant de témoins privilégiés de ces voyages en automobile que l’on effectuait lorsque les autoroutes n’existaient pas. Un des principaux vestiges de cette époque révolue est le Chalet Saalhöhe. Construit en 1926, il n’abritait pas seulement, comme aujourd’hui, un restaurant où il fait bon s’arrêter, mais également un atelier de réparation et un petit hôtel. A l’intérieur de ce chalet historique, un panneau explique les raisons pour lesquelles l’orthographe correcte de ce col comporte deux «a» et non pas un seul comme le préconise l’Office fédéral de topographie.

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Ce lieu hors du temps appartient à ces traces qui forgent l’identité d’une route, comme Thierry Dubois, historien de la route et auteur de nombreux ouvrages sur la célèbre Nationale 7 en France, l’a très bien expliqué dans le numéro 05 de Roaditude «Eté 2018». Ce n’est ainsi pas par hasard si la caravane des 25 VW Coccinelle y a fait une halte avant de mettre le cap sur le Musée des Transports de Lucerne. On a pu y admirer dans une atmosphère beaucoup plus détendue que dans le brouhaha de la douane de Riehen, ces 25 bijoux qui, immanquablement, ont suscité beaucoup de sympathie dans chacune des localités traversées par la caravane de ce 70e anniversaire de la présence de Volkswagen en Suisse.

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Pourtant, en 1946, un an seulement après la fin de la guerre, personne ne pensait que la Coccinelle puisse à nouveau sortir des chaînes de production de Wolfsburg. L’usine Volkswagen, partiellement détruite, étaient alors aux mains des forces d’occupation britanniques. A l’origine, les Anglais destinaient les Coccinelle à leur propre usage. Ils ont cependant rapidement été convaincus du fort potentiel d’exportation de ce modèle. Walter Haefner, le fondateur d’Amag, anticipe également le succès de cette petite voiture et se rapproche de l’usine VW. Le 29 avril 1948, il signe à Wolfsburg le contrat d’importation «de la voiture du peuple». Après les Pays-Bas et la Belgique, la Suisse est le troisième marché d’exportation de ce véhicule mythique, conçu à l’origine par Ferdinand Porsche entre 1934 et 1939.

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Les 25 exemplaires qui ont participé à ce 70e anniversaire le 5 mai étaient des modèles construits entre 1948 et 1952 que l’on reconnaît facilement avec le leur lunette arrière en deux parties, dite «split window» en anglais ou «bretzel» en allemand. C’est grâce à la complicité d’Urs Weibel, concessionnaire Volkswagen à Aarberg (BE) et éminent spécialiste des Coccinelle de collection, que les responsables d’Amag ont pu rapidement réunir 25 propriétaires de Coccinelle «Split». Parmi eux, une demi-douzaine de Romands qui ont tenu à poser avec Urs Weibel lors de la photo souvenir prise à l’arrivée, au Musée des Transports de Lucerne.

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(Texte : Laurent Missbauer, Pont-la-Ville, Suisse / Crédits photos : Laurent Missbauer, Volkswagen pour l’image d’archive)