Amaia et Marvin, au rythme des rencontres éphémères

Le voyage vers Singapour continue pour Amaia et Marvin (Bonnie And Klyde), ce couple de motards en route pour les Indes, que nous suivons désormais depuis un an (voir les interviews précédentes : 12.2018, 8.2018 et 4.2018). Leurs images magnifiques (à suivre sur les réseaux sociaux) et les mots sereins qu’ils échangent avec nous racontent l’histoire d’un voyage unique en émotions, et d’une conscience nomade qui se construit au fil des rencontres et des péripéties. C’est en Inde qu’on les retrouve cette fois-ci.

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Amaia, devant l'ancienne ambassade des Etats-Unis à Téhéran.

Roaditude – Amaia et Marvin, cela devient une question traditionnelle : où vous trouvez-vous, et comment allez-vous ?

Amaia et Marvin – Nous nous trouvons en Inde, depuis trois mois déjà. Nous allons bien même si ce pays est un peu fou. Son trafic principalement, mais aussi sa densité et son chaos ambient soulèvent tout type de réflexions dans nos esprits. Nous sommes néanmoins heureux d’avoir beaucoup de temps pour découvrir cette culture afin de la saisir au mieux. Nous devrions plutôt dire « ces cultures » car chaque état est comme un nouveau pays avec ses traditions, sa nourriture, sa population... Nous avons cependant envie de retrouver un peu de calme, raison pour laquelle nous remontons au nord pour rejoindre le Népal et les montagnes.

Coucher de soleil en Iran...

Coucher de soleil en Iran...

... au Pakistan...

... au Pakistan...

... et en Inde, au sommet de l'Arunachala.

... et en Inde, au sommet de l'Arunachala.

C’est vrai ce qu’on dit : vous faites des infidélités à vos bécanes ? Parlez-nous de votre découverte de la marque Royal Enfield…

C’est vrai ! Nous avons rencontré des motards indiens dans le nord du pays qui nous ont permis d’essayer une de ces motos. L’Interceptor, toute dernière-née de la marque, pour les connaisseurs. Nous avons ensuite eu l’occasion de tester de plus vieux modèles. Il faut savoir que cette machine est mythique en Inde. Son vrombissement si particulier se fait entendre dans les quatre coins du pays. Nous avons même une idée un peu folle de faire retaper un vieux modèle et de l’envoyer en Europe. Mais pas d’inquiétude, nous poursuivons notre aventure avec nos fidèles destriers.

Marvin sur sa BMW, après le passage de la frontière iranienne.

Marvin sur sa BMW, après le passage de la frontière iranienne.

Pour rester dans le domaine technique, sur la question de la fiabilité des motos, qu’avez-vous appris durant ces premiers mois de voyage ?

Qu’il n’y a pas de véhicule idéal, et donc pas de mauvais choix. Il suffit de connaitre sa machine et d’adapter son voyage en conséquence. Dans notre cas, Bonnie, la Triumph Bonneville, est d’une fiabilité à toute épreuve. Plus de 70'000 kilomètres au compteur et aucun souci majeur à signaler. Concernant Klyde, la BMW, malgré son grand âge (elle fête bientôt ses 34 ans), et hormis l’importante panne que nous avons eu au tout début de notre voyage (la transmission finale a rendu l’âme), elle s’en sort honorablement. Nous avons eu de petits soucis mais avons toujours pu les réparer sur place et ne sommes jamais restés à l’arrêt à cause d’eux. Pour terminer, une des leçons que ce voyage nous enseigne concernant la mécanique est qu’il est important d’en prendre soin. Nous effectuons les services nous-même, sommes attentifs aux comportements inhabituels et ne jouons pas les intrépides sans raison. Bref, on bichonne nos montures et elles nous le rendent bien.

A vous suivre sur les réseaux sociaux, on est impressionné (et un peu jaloux) des rencontres que vous semblez faire… En même temps, ce sont des rencontres fatalement furtives. C’est un peu spécial, non ?

Le voyage est fait de rencontres en tout genre, c’est un fait. Que ce soit d’autres voyageurs, des gens en vacances ou des locaux, nous faisons la connaissance de nombreuses personnes. Il est néanmoins vrai – notre mode de vie étant nomade - que le point commun entre ces rencontres est qu’elles sont éphémères, et ce n’est pas toujours facile à vivre. Cependant, malgré les barrières culturelles ou linguistiques, ces rencontres ont lieu dans des circonstances souvent particulières et peuvent être intenses, ce qui rend ces moments spéciaux et difficile à oublier. C’est aussi ça le charme du voyage, et nous savons qu’avec les moyens actuels, nous pouvons rester en contact avec n’importe qui, même à l’autre bout du monde.

Avec des amis rencontrés au Pakistan.

Avec des amis rencontrés au Pakistan.

Nous nous sommes parlés pour la dernière fois en décembre. Que s’est-il passé de fort ces trois derniers mois ? Un coup de cœur à partager avec nous ?

Comme dit plus haut l’Inde est folle, et le début de notre séjour l’a été aussi. En l’espace d’un mois nous avons eu un accident (qui s’est heureusement bien terminé) qui nous a fait de rencontrer des personnes hors du commun, une moto a été endommagée dans un train alors que l’autre a disparu pendant plusieurs heures, de la famille nous a également rendu visite. Beaucoup de choses donc. Depuis ces événements, les choses se sont un peu calmées même s’il n’y a pas un jour où nous ne sommes pas confrontés à une situation qui ne peut arriver nulle part ailleurs. Il faut le voir pour le croire.

Si notre avis sur l’Inde estencore très mitigé, une chose est indéniable : la nourriture y estexcellente, nous nous régalons ! Depuis notre entrée dans le pays, nous enprenons plein les papilles. C’est le vrai coup de cœur jusqu’à présent.

Où en est votre goût de la route ? Envie de rentrer ?

En Inde, la route n’est plus une partie de plaisir, le trafic met nos nerfs à rude épreuve. Notre rythme est alors très lent. Nous évitons les étapes de plusieurs centaines de kilomètres et prenons le temps. En revanche, de nombreuses autres choses nous motivent à poursuivre l’aventure. Des amis prévoyant de nous rendre visite, découvrir les paysages montagneux du nord du pays et du Népal, retourner à Delhi pour retaper une vieille Royal Enfield et revoir des amis rencontrés lors de notre premier passage. Bref, même si de nombreuses personnes nous manquent, l’envie de rentrer ne se fait pas encore sentir. Tant de choses sont encore à découvrir et d’expériences à vivre.

Kanyakumari, la pointe de l'Inde.

Kanyakumari, la pointe de l'Inde.

Célébration à Tiruvannamalai.

Célébration à Tiruvannamalai.

Rencontre dans les rues de Rameswaram.

Rencontre dans les rues de Rameswaram.

Quels sont vos plans pour ces prochaines semaines ?

Quelques semaines en arrière, nous avons atteint la pointe sud de l’Inde, pas d’autre choix que de remonter vers le nord, donc. Les semaines à venir, nous allons continuer notre route en direction du Népal. Comme souvent, nos plans sont très peu définis. L’objectif est d’être au Népal pour le mois de mai afin de retrouver des amis venant nous rendre visite depuis la Suisse. Entre temps, quelques incontournables. Notamment la ville sainte de Varanasi nous attire particulièrement. Une petite baignade dans le Gange, ça ne se refuse pas non ?


Pour suivre le périple d’Amaia et Marvin, rendez-vous sur leur blog et sur leur compte Instagram.

(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédit photos : Amaia et Marvin)