Marion et Jérémy, son Ural en patience
Nous avions fait connaissance de Marion et Jérémy en décembre dernier (lire l’interview), pour parler de leur projet de voyage : relier la Mongolie depuis la France, en couple, au volant d’un side-car Ural. Entre-temps, il y a eu la crise du Covid-19, le confinement strict un peu partout, et la fermeture des frontières. Mais, on le sait, rien de plus résistant qu’un rêve de voyage, et quand on décide de conduire un Ural, il faut se préparer un minimum. C’est ce que font Marion et Jérémy, qui répondent à nos questions depuis leur confinement dans le Morbihan.
Roaditude – Marion et Jérémy, où êtes-vous en ce moment, et comment vivez-vous cette période si particulière de pandémie?
Jérémy – Pour être honnête, le confinement se passe plutôt bien de notre côté. Nous sommes reclus dans une longère du Morbihan chez ma famille. On passe nos journées à bricoler le sidecar à la maison. Nous sommes super chanceux de pouvoir profiter d’un grand terrain et ainsi de ne pas avoir la sensation d’étouffer. C’est sûr, on préférerait être en Mongolie, mais il faut savoir prendre son mal en patience. Pour l’instant, nos seules épopées motorisées consistent à rallier les confins du Garagistan jusqu’aux steppes du Jardinzistan ! Incroyables aventures !
On relativise et on se dit que l’effet papillon prend tout son sens. C’est vrai, non ? Un gars mange une chauve-souris ou un pangolin à l’autre bout du monde, et voilà que t’es confiné chez toi pendant deux mois… On se dit aussi qu’on a beaucoup de chance que l’épidémie se soit déclenchée avant notre road trip et pas pendant.
Où en est votre projet de voyage entre la France et la Mongolie?
Il est heureusement toujours d’actualité. Nous étions censés partir à la fin-avril, ce qui est maintenant impossible au vu des dernières annonces. Au niveau des préparatifs, nous devons revoir l’itinéraire d'origine et l'adapter à notre future date de départ, aux pays fermés, et aux accessibilités des routes selon les saisons.
Concernant l’aspect planning, c’est assez flou. Ce qui est sûr, c’est que dès le confinement et les limites de déplacements levés en France, nous partirons pour un tour de chauffe dans le pays (si cela ne comporte aucun risque, bien sûr). Pour ce qui est des autres contrées, il faudra attendre que ça se débloque frontière par frontière.
Quand le monde vit ce qu’il vit en ce moment, comment appréhende-t-on l’idée de voyage? Autrement dit, comment désirer partir, quand tout s’arrête?
L’évasion prend encore plus de sens quand on est contraint de rester chez soi. Tu ne trouves pas ? Ça fait relativiser. En fait, la liberté de voyager n’est pas un acquis. Je pense que c’est bien de s’en rendre compte pour mieux apprécier la chance qu’on a de traverser le monde.
C'est aussi un projet que nous concoctons depuis deux ans, qui nous fait rêver et dans lequel nous avons déjà investi beaucoup de notre temps. La gestation sera juste un peu plus longue… C’est d’autant plus frustrant que des gens du monde entier nous contactent. Un Bulgare, un Iranien, un Russe, un Ouzbek, etc. Ils nous envoient des messages du type « j’adore votre aventure, venez-me voir dans mon pays ! ». Ça fait super plaisir de voir qu’on touche des gens aussi loin. Mais c’est d’autant plus frustrant de ne pas savoir quand on pourra les rencontrer réellement.
Lors de notre dernier entretien, vous veniez de commander votre side-car Ural… Avez-vous bien reçu la bête, et êtes-vous parvenus à l’apprivoiser?
Oui, on a bien reçu la bête ! Tu sais comment elle s’appelle ? « Gobi », comme le désert en Mongolie. Ça avait du sens pour nous.
Tu parles de l’apprivoiser, tu ne crois pas si bien dire. Lors de notre toute première sortie, l’embrayage a lâché après seulement un kilomètre ! L’ascenseur émotionnel. Cinq mois qu’on attendait ce moment, et tout part en fumée (littéralement). Vu que nous sommes d'éternels optimistes, on s’est dit que c’était l’opportunité de découvrir les entrailles de l’animal. Durant la réparation, on a d’ailleurs pu constater encore une fois la force et la solidarité de la communauté Uraliste. Démontage, commande des pièces, remontage, test, … A chacune des étapes, nous avons été soutenus par les férus de l’animal. Ça nous a permis d’entreprendre les réparations sereinement par nous-mêmes.
Pour l’anecdote, si Gobi est tombé en panne, c’est de notre faute. Parce qu’on ne l’a pas baptisé à la vodka ! Et oui, on l’ignorait, mais toute relation avec un Ural commence par partager un shot d’alcool russe avec l’animal. Sans quoi, il se comportera mal… On a corrigé le tir rapidement!
Mis à part la prise en main du véhicule, que faites-vous pour vous préparer?
On profite du temps de confinement pour préparer Gobi. Il était déjà bien équipé mais il manquait quelques trucs. On a donc installé un sabot moteur et une ligne d’échappement rehaussée. Il est maintenant prêt pour l’aventure!
Et vu qu’il nous reste au moins un mois à la maison, on va s’entraîner sur la maintenance de base. Changer un pneu, régler le jeu aux soupapes, vérifier des roulements, etc. Comme ça, on sera paré à toute éventualité! Ça permet aussi de montrer à notre Ural qu’on s’occupe de lui. Parce qu’il ne faut pas l’oublier : le trois-pattes soviétique a besoin d’attention.
On espère que vous pourrez partir bientôt… On se tient au courant?
Nous aussi, on espère partir bientôt! Malheureusement, ça ne dépend pas de nous, alors il faut prendre notre mal en patience. Mais oui, on se tient au courant. Dès que les choses se débloquent, on vous enverra des belles photos de notre tour de chauffe en France. Bonne route à tous (enfin, tant que c’est pour aller faire les courses, hein !
Pour en savoir plus sur le projet de Marion et Jérémy, visitez leur site Internet www.uralistan.fr.
(Interview : Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédit photo: Uralistan)