L’Afrique des routes, ou l’histoire d’un continent

L’Afrique a une histoire. Il n’y a qu’à suivre ses routes pour en découvrir la profondeur, la complexité et la beauté. C’est ce voyage que nous propose l’exposition L’Afrique des Routesprésentée au Musée du Quai Branly, à Paris, jusqu’au 12 novembre 2017.

Depuis l’Antiquité, voyageurs et commerçants venus de Perse, d’Inde et d’Europe du Sud ont sillonné le continent africain. Des paysages inconnus et des hommes à l’apparence inédite  ont profondément marqué leur imaginaire, comme en témoigne une magnifique fresque de Pompéi : des hommes de petite taille – des Pygmées – chassent sur le Nil, crocodiles et hippopotame. Il faut aussi voir ce vase sculpté originaire des Pouilles, en Italie, sur lequel apparaît une magnifique tête éthiopienne.

Fresque de Pompei montrant une scène de chasse.

Fresque de Pompei montrant une scène de chasse.

Carte du 10e siècle
Mais sur ce continent immense, quelles routes empruntait-on ? Une carte datant du 10e siècle représente les principales pistes que les commerçants arabes parcouraient : une piste longe la côte occidentale tandis qu’une autre, plus centrale, passe par Tombouctou. Cette ville, au bord du fleuve Niger et aux portes du désert, était le point d’arrivée des caravanes de dromadaires, une étape primordiale dans le commerce entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. Enfin, une autre piste très importante rejoignait l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Caire : la route du pèlerinage de la Mecque. Car les religions – tout comme l’art et les savoir-faire –  se diffusent aussi à la faveur du commerce de l’or, de l’ivoire du sel, mais aussi des esclaves. Douze millions d’esclaves qui ont dessiné une autre route vers l’Amérique et ses plantations de coton.

Carte représentant les pistes des commerçants arabes au 10e siècle.

Carte représentant les pistes des commerçants arabes au 10e siècle.

Les routes africaines parcourent aussi le monde entier et nous amènent à de surprenantes découvertes. Ainsi, la présence de porcelaine chinoise, à Madagascar notamment, atteste d’échanges entre ces deux continents – l’Afrique et l’Asie – vieux de plusieurs siècles. Autre révélation : les tissus africains ne sont pas africains… Le fameux wax tient en effet son origine des batiks indonésiens qui ont eu beaucoup de succès en Afrique subsaharienne au 18e et au 19e siècles. Les Hollandais se sont alors mis à produire à échelle industrielle des grands pagnes que tout le monde prend aujourd’hui pour des tissus africains.

Exploration tardive
Les Européens ont finalement exploré bien tardivement l’Afrique. Une carte animée dessine les routes empruntées par les explorateurs : du Portugais Vasco de Gama qui longe les côtes africaines à la fin du 15ème siècle, au Français René Caillié, le premier Occidental à revenir de Tombouctou, en 1828. Dès lors, les puissances européennes colonisent de toutes parts l’Afrique pour puiser ses richesses naturelles. C’est l’époque des premières routes carrossables, qui permettront de mieux organiser l’exportation des matières premières nécessaires à leur industrie.

Commerciales, spirituelles, esthétiques… Les routes de l’Afrique sont multiples et c’est un ravissement de les découvrir dans cette exposition : les objets rivalisent de beauté pour attirer le visiteur déconcerté devant tant de choses qu’il ignorait, jusqu’à présent !


Exposition L’Afrique des routes jusqu’au 12 novembre 2017 – Musée du Quai Branly, 37 quai Branly, Paris – www.quaibranly.fr

(Texte : Claire Teysserre Orion, Paris / Crédits photo : Musée du Quai Branly et autres musées, Fotolia-Rene)