Heuer Globetrotter Tour: les pièces d’une légende

La vitesse et sa mesure, tel est le cœur historique de la marque TAG Heuer. C’est cette passion qui la poussée sur les routes, devenant l’enseigne de référence du chronométrage de la course automobile, hier déjà aux côtés des pionniers intrépides de la discipline, aujourd’hui jusqu’aux écrans du jeu vidéo Gran Turismo. Le volet vénitien d’une belle exposition multi-sites qui débute ces jours, l’Heuer Globettroter Tour, permet de voir en vrai les modèles qui ont forgé la légende. Catherine Eberlé-Devaux, responsable du patrimoine chez TAG Heuer, nous présente cet événement unique qui tisse des liens entre grand public, fans et collectionneurs de la marque.

Roaditude – Catherine Eberlé-Devaux, quel est le concept de l’exposition Globetrotter Tour qui débute ces jours dans 10 villes à travers le monde ?
Catherine Eberlé-Devaux – Nous voulions mettre sur pied une exposition de nos montres anciennes, tout en sortant des sentiers battus. On a mis de côté l’idée d’une nouvelle exposition itinérante ou d’une exposition très statutaire. Nos boutiques sont vite apparues comme l’écrin idéal pour réunir les amoureux de montres et les passionnés de notre Maison de tous bords : collectionneurs, clients, fans. On a ajouté un niveau de subtilité en décidant de mettre en place cette exposition de façon synchrone dans 10 boutiques, de 10 pays différents. La finalisation du concept est venue en intégrant notre communauté de collectionneurs dans cette aventure : on leur ainsi proposé de présenter leurs montres favorites  à côté de celle du musée. Les montres allaient donc voyager à travers le monde. C’est toute l’histoire de ce Heuer Globetrotter Tour : « travel through time ».

Heuer-Globetrotter_Venice-17.jpg
Heuer-Globetrotter_Venice-23.jpg

Quel est l’intérêt, pour une marque comme la vôtre, de valoriser ainsi son passé et son histoire ?
Cela va bien au-delà de l’intérêt. C’est indispensable pour bâtir un avenir solide à notre Maison. Monsieur Biver, notre CEO et Président de la division Montres du groupe LVMH, explique que « Sans passé, il n’y a pas d’avenir ». Nous devons ancrer nos décisions et actions à notre histoire. TAG Heuer est fort d’un passé riche depuis sa fondation en 1860 ; c’est son âme. C’est pourquoi nous avons maintenant un département dédié au patrimoine. Le but est de préserver, restaurer, valoriser notre héritage dans le plus grand respect de notre histoire.

Heuer-Globetrotter_Venice-16.jpg

Le volet vénitien de l’exposition est consacré au chronométrage et à l’automobile. Peut-on dire qu’il s’agit véritablement du cœur de votre « ADN » ?
Chacune des 10 villes de Heuer Globetrotter représente un thème identitaire de notre Maison. Quand on en vient à définir notre ADN, la vitesse est un de nos éléments fondamentaux. La mesure de la vitesse a très vite été un objectif très clair chez Heuer, en amenant de plus en plus de précision, et dans toutes les conditions imaginables. Alors, on peut répondre « oui » à votre question : Venise a un thème très fort pour Heuer avec le chronométrage automobile. On peut y admirer les tout premiers compteurs de bord pour automobiles de 1911, imposants dans leur magnifique boîte en laiton, le Time of Trip. Et aussi toute la famille issue de l’AUTAVIA, sorti en 1933. L’une des publicités des années 50 affirmait, non sans fierté, que ces « dashboard timers » étaient le cadeau idéal pour les hommes sportifs (« perfect gift for sportsmen ») avec une belle auto chromée en toile de fond. Cette étape de l’exposition permet de rappeler que jusque dans les années 70, le cœur d’activité de notre Maison était le chronométrage, pas les montres bracelet. Aujourd’hui nous avons toujours un département « timing » très dynamique, même si les montres bracelet ont pris la part belle de notre activité.

Quelles sont les pièces qui constituent le clou de l’exposition de Venise ?
Hormis le Time of Trip de 1911 et l’un des premiers Autavia de 1933, on a réuni pour Venise d’autres outils embarqués pour le chronométrage rares et recherchés par les amoureux des courses automobiles : un Super Autavia de 1964, et un Super Autavia GMT de 1970. L’un comme l’autre ont une double échelle du temps, l’une pour l’heure et l’autre pour la durée du voyage. Les couleurs de ces pièces sont très harmonieuses et particulièrement ingénieuses pour une lisibilité optimale – le credo de Jack Heuer. Vous y découvrirez aussi une Autavia chronographe manuel avec les ailes du logo Indianapolis déployées au centre du cadran, pièce très belle, rare et qui sort peu du musée. Une occasion pour elle de voyager ! L’accompagne un set de deux laptimers (compte-tours) avec le même logo Indianapolis. Celui-ci était un outil de bord de piste, pour les chronométreurs. Une autre vision du chronométrage.

Les collectionneurs ont ajouté, entre autres, un superbe chronographe automatique 1158 CHN dit « la Carrera des pilotes » : mouvement maison mythique calibre 12, en or 18kt, avec les petits compteurs noirs. Une des pièces les plus iconiques de la grande époque Heuer ; et l’une des toutes premières Autavia bracelet fabriquées, référence 3646, full lume. Ces chronographes étaient réellement utilisés par les pilotes en course pour contrôler leur temps et leur vitesse avec les échelles tachymétriques.

Heuer-Globetrotter_Venice-20.jpg
Heuer-Globetrotter_Venice-21.jpg

Quand on creuse l’histoire de votre relation avec l’univers automobile, on découvre des anecdotes assez croustillantes. Ainsi, le film Le Mans, avec Steve McQueen, qui a complètement relancé le destin de la Monaco…
Oui c’est vrai. C’est une très jolie histoire. Reprenons-en le fil si vous voulez. 1969, Heuer sort un mouvement révolutionnaire, le calibre 11. C’est le premier mouvement chronographe automatique. Jack Heuer décide de le lancer sur un nouveau design tout aussi révolutionnaire, la Monaco. C’est un chronographe carré bleu, et accessoirement étanche, prouesse technique. Flop commercial. Cette OVNI manque sa cible, contrairement aux Carrera et Autavia de l’époque qui se vendent très bien.

A l’époque Jack Heuer avait commencé à nouer des liens avec Hollywood dans le but de placer ses montres au poignet des stars. Un « Property Master » avait été appointé. Celui-ci appelle Jack en urgence au printemps 1970. Il a l’opportunité de placer des chronographes et autres outils de timing sur le plateau du film Le Mans. La star de ce film, personnellement impliquée dans le projet n’est autre que le grand Steve McQueen. Jack a deux jours pour livrer tout ça. Il prend ce qu’il a en stock : des Monacos puisqu’elles se vendent mal ! De fil en aiguille c’est comme ça que la Monaco se retrouve au poignet de McQueen. Le bleu du cadran répond au bleu de ses yeux, les deux font la paire et tiennent le premier rôle de ce qui est aujourd’hui le film témoin d’une époque.

Bon, le film n’est pas un franc succès, les ventes de la Monaco ne décollent pas pour autant.
Ce n’est qu’à partir de 1998 lors de la première réédition de la Monaco, que TAG Heuer en fait une icône, un pilier de la marque, en s’appuyant sur l’image du King of cool, Steve McQueen. A ce niveau-là, on peut parler de destinée!

steve_mc_queen_wt_crop_923x520-e1505825406606.jpg

On l’a vu cette année, avec la sortie d’une nouvelle Autavia et l’annonce du partenariat avec Gran Turismo, votre lien avec le monde de l’automobile n’est pas qu’une histoire passée. D’autres développements sont-ils à venir ?
La course automobile est l’une des meilleures expressions de la vitesse. Cela a toujours été notre terrain de jeu préféré. Gran Turismo est une plateforme extraordinaire qui touche tous les publics, tout comme notre marque touche tous les types de clients. On peut bien sûr parler aussi de Red Bull Racing, écurie de Formule 1,  dont nous sommes sponsors. L’idée est, suivant les partenaires, d’intervenir comme sponsor, comme chronométreur, d’une écurie, d’une course ou d’un championnat. Impossible de vous en dire plus pour le moment mais de belles livrées viendront s’ajouter à notre palette Motoracing l’année prochaine. Les aficionados d’hier et d’aujourd’hui vont adorer.


Pour en savoir plus sur l’exposition Heuer Globettroter Tour, visitez la page Internet qui lui est consacrée.

(Interview: Laurent Pittet, Nyon, Suisse / Crédits photo : TAG Heuer)