Roadmovie, 15 ans de route pour le cinéma

image.png

Roadmovie est un cinéma itinérant qui parcourt chaque année, avec un succès grandissant, les régions reculées de la Suisse pour partager avec la population sa passion du septième art helvétique. Sarah Studer, responsable de la tournée suisse romande, répond aux questions de Roaditude, alors que l’édition 2017 se met en route.

RM06.jpg

Roaditude – Sarah Studer, comment cette idée de relancer la tradition du cinéma itinérant a-t-elle germé ?
Sarah Studer – A l’époque où le 7ème art en était encore à ses débuts, ce sont les cinémas itinérants qui amenaient de lieu en lieu la magie des images en mouvement. C’est de cette tradition que ce sont inspirés les fondateurs de l’association Roadmovie pour réaliser leur rêve: voyager à travers la Suisse pour proposer, jusque dans les communes les plus reculées et en collaboration avec les partenaires locaux, une sélection de films. Cette année, du 11 septembre au 17 novembre, nous partons sur les routes pour la 15ème tournée nationale afin de visiter 36 communes de moins de 5’000 habitants dans les différentes régions linguistiques.

Roaditude – Quelle est la pertinence d’un tel cinéma au XXIème siècle, à l’heure des multiplexes et des téléchargements ?
Roadmovie se déplace et transporte le cinéma dans les petites communes qui en sont dépourvues. L’idée est de rassembler les habitantes et habitants autour du thème cinéma. Dans ces villages, les salles polyvalentes se voient alors transformées en véritables salles obscures et un grand nombre d’enfants et d’adultes découvrent des films de fiction et documentaires suisses. Des bénévoles s’affairent dans leur commune afin de nous accueillir. Ils décorent la salle, font de la publicité pour l’événement et tiennent le bar durant la soirée.

Nous donnons également beaucoup d’importance à la médiation. Pour cela, nous mettons en place chaque après-midi une projection scolaire pour les enfants de l’école primaire. La séance est composée de projection de courts-métrages et d’animations qui permettent aux élèves de découvrir le cinéma en tant que forme artistique. Lors des projections publiques du soir, nous essayons dans la mesure du possible d’avoir avec nous une personne ayant travaillé sur le film projeté. La réalisatrice, un acteur ou des techniciens viennent partager leur expérience et répondre aux questions du public. Le but de ce cinéma itinérant est de combler une niche commercialement peu attractive mais très significative d’un point de vue culturel et social.

Roaditude – A quel public vous adressez-vous en particulier ?
Nous nous adressons en premier lieu aux habitants et habitantes des communes visitées, un public très local qui peut changer d’un lieu à l’autre. Afin de mieux les atteindre, nous collaborons à chaque fois en amont avec un comité local composé d’un ou d’une représentante de l’école, de la commune et d’une société du village.

Roaditude – Parlez-nous un peu de la programmation de cette édition 2017 ?
Chaque année, et pour chaque région linguistique, nous sélectionnons 6 à 9 films suisses sortis récemment (documentaires, films de fictions ou d’animation). Le choix final est laissé au comité d’organisation des communes visitées. Cette année, en Suisse romande, Ma vie de Courgette a été un grand succès. Les communes souhaitant mettre en place une soirée intergénérationnelle et conviviale ont également misé sur l’adaptation de Heidi datant de 2015. Finalement, des films plus méconnus comme le thriller dramatique MOKA de Frédéric Mermoud, ou les documentaires Révolution silencieuse de Lila Ribi ou Calabria de Pierre-François Sauter ont complété notre programmation 2017.

Roaditude – Sur quels critères vous basez-vous pour le choix du parcours et des destinations ?
Notre volonté est de visiter les différentes régions linguistiques et de nous arrêter si possible dans chaque canton. L’itinéraire ressemble parfois à un véritable Tetris, car nous devons prendre en compte différents facteurs tels que les distances entre chaque lieu ou la date des vacances scolaires (nous devons à tout prix éviter ces périodes afin que la séance scolaire de l’après-midi puisse avoir lieu). Les communes intéressées s’inscrivent ensuite suivant ce planning et nous en sélectionnant une trentaine par tournée.

Roaditude – Comment se déroule une journée typique de votre cinéma itinérant lorsqu’il prend la route ?
La camionnette Roadmovie, qui transporte l’entier de l’installation cinématographique, arrive à 10h dans la commune du jour. L’équipe du cinéma itinérant (deux projectionnistes, un ou une animatrice) rencontre le comité local et commence l’installation: projecteurs numériques et 35 mm, écran et enceintes sont alors montés dans la salle polyvalente. En début d’après-midi, l’équipe anime la projection scolaire. La projection d’un long-métrage choisi par le comité local est quant à elle proposée à l’ensemble du village en soirée. Nous passons ensuite la nuit sur place et repartons le lendemain matin sur les routes en direction de la prochaine halte.

Roaditude – Quelles sont les routes favorites, en Suisse, empruntées par l’équipe de Roadmovie, et pour quelles raisons ?
Nous aimons, dans la mesure du possible, passer par les petites routes de campagne afin de découvrir la richesse des paysages helvétiques. Passer par un col alpin reste une expérience inoubliable. L’année passée, j’ai également eu la chance d’arpenter les routes jurassiennes pour la première fois. Ces routes longeant des coins de forêt et de des très belles campagnes ont été un véritable coup de cœur.

RM02.jpg
RM03.jpg
RM05.jpg

Pour en savoir plus sur l’association Roadmovie et sa tournée 2017, visitez son site Internet.

(Interview : Nicolas Metzler, Genève, Suisse / Crédit photos : association Roadmovie)